Elles n’ont ni tracteurs, ni serres dernier cri. Mais elles ont les mains, la volonté…et une terre qu’elles veulent régénérer.
À Tchetti-Lema, village rural de la commune de Savalou, dans le centre du Bénin, des femmes transforment leur quotidien à travers un jardin communautaire. Pas n’importe quel jardin : un espace nourricier, 100 % bio, où compost et biopesticides naturels remplacent les engrais chimiques.
Un jardin nourricier et porteur d’espoir
Sous le soleil encore timide de ce matin de juin, une trentaine de femmes se retrouvent, houes sur l’épaule, seaux dans les mains, sourires au coin des lèvres. À tour de rôle, elles arrosent, désherbent, observent les feuilles des plants de tomate ou de gombo comme on prend soin d’un enfant.
Ce bout de terre, elles l’ont transformé, à la force du courage, en un véritable sanctuaire agricole.
«On n’achète plus de légumes au marché. On mange ce qu’on cultive. Et c’est naturel ! »
— Eugénie Kaboure, présidente du groupement Assikonanyé
La Fédération des Groupements de Femmes de Tchetti-Lema (FGFTL) ne se contente pas de produire pour survivre. Elle produit pour vivre autrement.
Une initiative portée par la solidarité…et la terre
Le projet est soutenu par l’ONG Monde Solidaire Bénin. En formant les femmes à la fabrication de compost et de biopesticides à base de neem, l’ONG a déclenché une dynamique transformatrice.Ici, le jardin n’est pas juste un champ. C’est un outil de dignité, de santé et de transmission de savoirs. — Yves Lokossou, Directeur Exécutif de l’ONG
Chaque plant de gboman ou d’amarante est fertilisé sans le moindre intrant chimique. Et les femmes aussi, dans leur rapport à la terre, au travail, à elles-mêmes.
L’agriculture bio, levier de transformation sociale
Ce jardin ne se limite pas à la culture. Il ouvre une brèche vers l’autonomisation économique. Les légumes récoltés nourrissent les familles… et remplissent un peu les poches.
«Ce que je gagne avec la vente du gombo m’a permis d’acheter les fournitures scolaires de mon fils.» — Léontine Amoussou, Une mère de famille
«Avant, les légumes étaient un luxe. Maintenant, c’est notre richesse.» — Pierrette Djomatin, Présidente de la FGFTL
Une école de l’alimentation saine… à ciel ouvert
Chaque semaine, des ateliers de cuisine locale sont organisés pour réapprendre à cuisiner sainement, sans cubes ni exhausteurs de goût.«Avant, on pensait que cuisiner des légumes, c’était pour les malades. Aujourd’hui, c’est un luxe qu’on s’offre au quotidien. »
— Pierrette Djomatin
Les enfants aussi découvrent une nouvelle façon de manger : des sauces naturelles, des purées maison, des légumes qu’ils ont vu pousser eux-mêmes.
Un modèle qui fait école
Ce qui se passe à Tchetti-Lema inspire d’autres localités. À Doumè, une ONG sœur, IRÉWA, a répliqué l’initiative après avoir découvert l’expérience du village.
«Ce modèle est duplicable. Il prouve que la transition écologique est possible si on met les femmes au cœur de la solution.» — Lambert Dogo, Président du Conseil d’Administration de l'ONG
Un appel à l’action et à la reconnaissance
Loin d’un simple jardin, cette aventure est une révolution. Une réponse locale aux enjeux de santé publique, de malbouffe, de souveraineté alimentaire.
«Manger sainement ne doit plus être un privilège. C’est un droit, une culture, un engagement.»
— Yves Lokossou
À Tchetti-Lema, les femmes ne cultivent pas que des légumes. Elles cultivent l’avenir. Et dans chaque panier de gboman récoltées, c’est un peu d’espoir qu’elles redistribuent au monde.
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