🔴 SURVIVRE ET PERSÉVÉRER DANS L'ÉCONOMIE INFORMELLE
Dans les rues de Cotonou et de nombreuses autres villes du Bénin, les Zemidjans, conducteurs de taxi-moto, sont omniprésents. Ces hommes et femmes, reconnaissables à leurs chemises jaunes, constituent le principal mode de transport pour des milliers d'habitants. Derrière ce service de mobilité se cache une réalité complexe : des travailleurs précaires, évoluant dans des conditions difficiles, mais déterminés à gagner leur vie dans un secteur vital pour l’économie urbaine.
Une économie de survie en pleine expansion
De nombreux conducteurs de Zemidjan sont des jeunes sans autre opportunité d’emploi. En effet, l’économie formelle ne parvient pas à absorber la main-d’œuvre disponible, et ce métier devient une alternative accessible malgré les risques qu’il comporte. Le taxi-moto offre une autonomie immédiate, avec peu de barrières à l'entrée : une moto achetée à crédit ou louée suffit souvent pour démarrer.
Cependant, les revenus générés restent souvent modestes. La fluctuation du prix du carburant, les journées longues et éreintantes, et la forte concurrence font que beaucoup peinent à épargner ou à améliorer durablement leur situation. À cela s’ajoute un manque de couverture sociale : en cas de maladie ou d'accident, ces travailleurs n’ont pas de filet de sécurité.
Une activité à haut risque
Le quotidien des Zemidjans est marqué par une insécurité routière importante. Avec des routes parfois en mauvais état et un trafic anarchique, les accidents sont fréquents. Les Zemidjans sont aussi victimes d’agressions, notamment lorsqu'ils travaillent tard le soir. Certains sont exposés à des réseaux de contrebande de carburant, une activité parallèle dangereuse mais souvent nécessaire pour maintenir leurs revenus.
Absence de reconnaissance et organisation limitée
Bien que les Zemidjans jouent un rôle crucial dans l’économie béninoise, ils restent marginalisés. Le secteur, non encadré par des réglementations précises, bénéficie d’une reconnaissance limitée de la part des autorités. Des tentatives d'organisation syndicale ont vu le jour, mais leur influence reste faible. Les conducteurs sont souvent perçus comme une solution temporaire au chômage, et non comme une véritable catégorie professionnelle à soutenir.
Vers une réforme nécessaire
Pour améliorer les conditions des Zemidjans, une formalisation du secteur est indispensable. L’introduction de formations sur la sécurité routière et la gestion d’entreprise pourrait non seulement accroître leur efficacité mais aussi réduire les accidents. En parallèle, des programmes d’accès à des services financiers comme le microcrédit pourraient aider ces travailleurs à diversifier leurs activités et à sortir de la précarité.
De plus, un partenariat entre les autorités locales et les syndicats existants pourrait favoriser une meilleure régulation du secteur. La création d’un cadre juridique protecteur permettrait également d’assurer aux Zemidjans un minimum de couverture sociale, garantissant ainsi leur sécurité à long terme.
Les Zemidjans incarnent bien plus qu’un moyen de transport : ils sont le reflet d'une société en quête de solutions face aux inégalités sociales et à la précarité. En reconnaissant leur rôle et en investissant dans ce secteur, le Bénin peut non seulement améliorer la vie de milliers de travailleurs, mais aussi construire une économie plus inclusive et résiliente.
Pour ces hommes et femmes, conduire un Zemidjan est bien plus qu’un métier. C’est une manière de se battre quotidiennement pour une vie digne et un avenir meilleur, malgré les risques et les obstacles. Soutenir cette activité, c'est reconnaître la valeur de ceux qui, jour après jour, choisissent de persévérer.
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