Le Conseil économique et social (CES) du Bénin, longtemps perçu comme une institution discrète, amorce une profonde transformation sous l’impulsion de son nouveau président, Conrad Gbaguidi. Élu à la tête de la 7ᵉ mandature le 26 février 2025, il incarne une nouvelle dynamique portée par des réformes structurelles, un ancrage territorial renforcé et une volonté de replacer le citoyen au cœur des politiques publiques.
Créé par la Constitution béninoise, le CES joue un rôle consultatif auprès des pouvoirs publics. Il est appelé à donner son avis sur des projets ou propositions de loi, décrets ou ordonnances. Mais jusqu’ici, son action est restée peu visible. « Le Conseil économique et social travaille, produit des rapports, donne des avis, fait des recommandations, mais il appartient au président de la République d'en assurer la publication. Avec cet état de choses, le Béninois lambda ne pourra pas apprécier l'utilité du Conseil économique et social », regrette Aziz Paraïzo, Secrétaire général du CES.
Face à ce constat, une réforme a été engagée avec l’adoption en 2024 d’une nouvelle loi organique. Le nombre de conseillers passe désormais de 30 à 37, avec la désignation d’un représentant par département, ainsi qu’un conseiller supplémentaire au niveau national. Ce renforcement vise à traduire concrètement la volonté de proximité prônée par la nouvelle équipe dirigeante.
Une gouvernance de terrain
Pour Conrad Gbaguidi, le CES ne peut plus se contenter de rester en vase clos. Il entend faire du Conseil une institution de terrain, ancrée dans la réalité quotidienne des populations. «L'innovation forte, elle ne vient pas ex nihilo, elle vient d'un constat que le pays a besoin de se développer vite. Et donc, au lieu d'être ensemble pour faire des études et des recommandations, on va aller plutôt vivre avec les populations, connaître leur réalité, leur parler, les écouter. Et donc, du coup, le CES devient une très grande oreille qui écoute l'essentiel de la population, où qu'elle soit, pour, à partir de cette écoute, parler au chef de l'État, pour faire le constat de ce qui se passe sur le terrain », explique-t-il.
La stratégie mise en place repose sur une territorialisation de l’action du CES, avec la mise en place de CES départementaux. Cette innovation majeure vise à rapprocher l’institution des citoyens, mais aussi à renforcer son rôle de veille politique. « C'est de cette manière-là également, de cette proximité, que nous pourrions expliquer à la population toutes les grandes décisions pour que la population puisse être connectée à sa gouvernance, à la gouvernance globale qui est portée par nos institutions », insiste le président Gbaguidi.
Un CES interconnecté aux chambres professionnelles
Autre axe fort de cette réforme : l’interconnexion du CES avec les différentes chambres sectorielles. « La chambre de l'agriculture va alimenter la chambre de commerce, la chambre de l'artisanat va aussi alimenter la chambre de commerce, la chambre de commerce elle-même est dans le CES, ainsi que le patronat qui va essayer de tirer encore plus en avant les petites entreprises et les artisans pour que les résultats en matière de chômage et de protection sociale soient plus mesurables sur le terrain », souligne-t-il.
Un président engagé pour sa communauté
Issu du monde associatif, Conrad Gbaguidi s’est illustré dans le développement local à travers l’Association pour le Développement de la Commune de Savalou (ADCS). Sa nomination par le chef de l’État en décembre 2024 a été saluée comme celle d’un homme de terrain, proche des préoccupations citoyennes. À la tête de cette nouvelle mandature, il se fixe une ligne directrice ambitieuse : « Dans les 14 mois, nous serons un CES VIP : Visible, Impactant et Performant ».



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